Rapide feed back atelier Pinot Noir des Grisons, le best of !
L'idée était de déguster les plus belles cuvées de Pinot Noir du vignoble des Grisons afin de mieux appréhender le potentiel qualitatif et comprendre la raison d'une renommée grandissante, corrélée avec un belle envolée des prix.
La "petite Bourgogne de Suisse". Tel est le surnom de la Bündner Herrschaft (la seigneurie des Grisons). Justifié ?
Comme le titre de ce post est "rapide feed back ..." allons droit au but, nous avons effectivement dégusté de très beaux vins, alliant finesse et intensité.
A l'exception du Pinot Noir de Gantenbein qui tourne autour des 200,00 selon millésime et de la Cuvée Unique de Donatsch autour des 130,00, ces belles cuvées sont vendues dans le commerce entre 60,00 et 75,00, soit le prix d'un Pinot Noir 1er Cru de Bourgogne, dans la fourchette basse des prix actuels en Côte de Nuits et Côte de Beaune.
Pourquoi d'emblée parler du prix de ces vins ? Il nous semble qu'en tant qu'amateurs/trices de vins fins l'objectif est aussi de trouver les meilleurs vins dans une gamme de prix raisonnable, ce qui est de moins en moins le cas dans certains vignobles, la Bourgogne battant des records d'augmentation. La faute en partie à de faibles quantités et une forte demande et aussi à des millésimes amputés par la grêle ou le gel (2019, 2021).
Dans les Grisons, la limite de production est simple : environ 400 ha répartis entre différents cépages et autour des 300 pour le Pinot Noir. Les plus belles cuvées étant aussi les plus rares avec parfois une production autour de 800 bouteilles ! Il devient compliqué de se procurer ces vins dont une bonne partie est traditionnellement vendue à des restaurateurs locaux et suisses. De plus, il y a encore peu de temps personne ne parlait vraiment des vins suisses hors de nos frontières tandis qu'aujourd'hui le Wine Advocate distribue ses fameux 90/100 et plus à de nombreux vins, suivi par d'autres revues spécialisées comme la revue des vins de France. Fini l'anonymat ! Tant mieux pour les domaines viticoles concernés qui méritent certainement une reconnaissance internationale !
Ce qui est ressorti de cette dégustation :
- Il y a quelques années il nous semblait que les élevages en barrique étaient un peu trop ambitieux et le boisé final bien démonstratif... Rien de tel dans les vins dégustés ce mois d'octobre 2022.
- Ce n'était pas le but au départ mais nous avons commencé à pouvoir dessiner quelques grandes tendances d'expressions entre les 4 fameuses communes de la Bündner Herrschaft, du nord au sud : Fläsch, Maienfeld, Jenins et Malans : Ampleur, intensité aromatique et finesse tannique pour Fläsch avec sa dominante de sols calcaires - Des tanins un peu plus marqués, des nez plus discrets et un peu plus de matière dans les vins de Jenins et Maienfeld, plus sableux, un peu plus argileux, moins calcaires et enfin ce qui nous a semblé être un entre-deux à Malans : ampleur, intensité, une certaine corpulence avec les sols les plus argileux et schisteux des 4 communes.
Bon, cette analyse n'est probablement pas tout à fait exacte et la différence entre ces communes viticoles est certainement plus complexe que cela mais enfin c'est un début de compréhension :-)
- Il y a aussi des vins réputés un peu plus au sud dans le secteur de Coire et nous avons dégusté un de ces plus beaux représentants : la cuvée Gianbasttista de Gianbattisata Von Tscharner, millésime 2018. Un vin tout à fait différent, plus trapu. plus baroque ... La bouteille était aussi un peu sur la réduction et se présentait moyennement bien. A noter que le même vin dans le millésime 2008 se présentait très bien, vigoureux, large, gourmand et tenait assez bien tête au Pinot Noir 2010 de Gantenbein, bien que celui-ci soit un peu plus en finesse. Plutôt prêt à boire d'ailleurs ce 2010 de Gantenbein.
- Dans les millésimes plus jeunes les 5 vins préférés lors de cette dégustation :
- Pinot Noir Studach 2019 (Malans), peut-être le vin le plus apprécié de la soirée, fin et ample, matière plutôt aérienne, floral, longue finale et sapide. 17/20 (note personnelle)
- Pinot Noir "Spondis" 2019 Adank (Fläsch), grande ampleur, épicé, floral, finale harmonieuse, tanins très fins. Ne pâlirait pas devant un beau Volnay 1er Cru 18/20
- Pinot Noir "Schöpfi" 2019 Fromm (Malans), un vin complet qui semble avoir l'ampleur des vins de Fläsch et la structure des vins de Jenins .. A nouveau épicé et floral, tanins fins, bonne longueur. 17,5/20 Et un grand merci au domaine d'avoir bien voulu nous envoyer deux bouteilles de leur faible production (cuvée introuvable sinon ..).
- Pinot Noir "Scadena" 2018 Wegelin (Malans), intensité aromatique, épicé, ample et structuré, tanins fins, finale très pure. 17/20
- Pinot Noir "H" Hermann 2020 (Fläsch), nous avons débuté la dégustation avec ce vin qui nous a de suite transporté dans l'univers des grands pinots noirs ! De la race, élégant, caillouteux .. , assez "Côte de Nuits"si on ose comparer .. Petite amertume de jeunesse et boisé encore perceptible mais très intégré, finale assez longue sur la cerise. 17/20
L'exercice de la dégustation comparative d'une douzaine de vins ayant ses limites et inconvénients nous sommes un peu passés à coté de la Cuvée Unique 2019 de Donatsch, servie en dernier après Gantenbein 2010. Lors de l'ouverture de la bouteille en fin de matinée nous avions noté : nez discret, assez fin, grande droiture, assez élancé, tanins fins, long, clairement à attendre mais bcp de race. Peut-être celui avec la stature d'un "grand cru" 18/20.
Le Pinot Noir « Monolith » 2019 Obrecht (Jenins), avec des vignes à Jenins et à Malans se présentait un peu sur la retenue, discret aromatiquement, avec un fruit un peu plus mûr que la plupart des autres vins, une note de graphite, un tanins encore un peu dur. Un vin avec de la présence, du potentiel 16,5/20
Le Pinot Noir «Eichholz» 2019 Irene Grünenfelder (Jenins) aussi discret au nez, structuré, tanins un peu collants. épicé, de garde, du potentiel. 16,5/20
Nous avons aussi dégusté la cuvée barrique 2020 d'Annatina Pellizatti (Jenins), une cuvée plus abordable (autour des 40,00) de belle facture, droit, fin, encore un peu serré, pas une énorme ampleur ni grande longueur mais de la sincérité, de la tenue et de la buvabilité... 15/20
Et il y avait également la cuvée Pilgrim 2017 du domaine Möhr Niggli (Maienfeld). Le millésime 2017 étant un peu plus faible que 2019, 2020 ou même 2018 ce vin n'était pas vraiment prévu dans la comparaison mais servi après la cuvée Unique 2019 il a tout à fait tenu son rang de belle cuvée de Pinot Noir des Grisons, dans une version un peu plus gourmande et immédiate (2017?) 16/20
Au final quel plaisir de déguster de beaux Pinots Noirs ! Un cépage qui allie intensité, structure, élégance, délicatesse..
Un regret tout de même : cela aurait été bien de pouvoir également déguster un Gantenbein du millésime 2019 ou 2018 afin de pouvoir le comparer aux autres vins. Next time :-)
BC